Dix-neuf heures, je prends un dernier verre, assis sur le banc dans le jardin.
Cette lumière si particulière de l’Ile de Ré a envahi le jardin.
Le soleil de cette fin de journée diffuse une lumière chaleureuse, pleine d’énergie et de mélancolie.
Après des journées dignes d’un morne automne c’est avec le plus beau des temps et la plus belle des lumières que la fin des vacances s’annonce dans le fond de mon verre.
C’est en fait plus que la fin des vacances qui s’annonce, c’est le début d’une année qui promet d’être dingue. Il faut y aller. Ce sera sport mais ça va valoir le coup !
Le boulevard de la Villette me semble pourtant si loin… et peu désirable.
Minuit et demi, je sors du train. Je me réveille après avoir dormi les quarante dernières minutes, accompagné par
Resistiendo a la Tormenta. Le retour est toujours particulier. Difficile de faire plus grand écart qu’entre ce verre pris dans la lumière et le calme du jardin, le bruit des vagues en fond, la douceur de l’air et de l’esprit, et la gare Montparnasse, immense sous-sol gris aux membres de béton froids et sombres.
Revenir à la ville… trop de monde même si à cette heure la gare est quasi déserte pour qui la connait de jour. La queue à la station de taxis est surréaliste. Marcher, trouver une autre station… improbable… inutile d’espérer un taxi libre…
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Alpha Taxis j’écoute ?
«
L’attente est longue… pendant ce temps les odeurs de graillons de la brasserie proche, les loulous qui défilent, la casquette aux motifs Hermès juste posée sur le haut du crâne, l’air de caïds en goguette, nous rappellent un peu plus la vie parisienne. J’ai envie de repartir en courant.
Vingt minutes plus tard, un peu plus loin, le carrosse invoqué s’est matérialisé.
Cendrillon s’attache à côté de moi, mon sac à main de quinze kilos dans le coffre. De citrouille il n’y a point.
Les rues…
Je suis comme un poisson rouge dont on promènerait l’aquarium : Paris défile à travers les vitres. Les White Stripes du chauffeur ont pris la place de mon Gubitsch-Caló. A mesure que Paris défile il me réapprivoise. Je me laisse aller. Les paysages urbains, les lumières, tous ces gens, cet univers agressif, me redeviennent familiers…
Sous la couette je me laisse aller, tardivement, à ce retour en territoire hostile.
Voilà. On est lundi matin, une nouvelle année commence. Le boulevard de la Villette ne m’a pas mangé tout cru.
Vais-je le manger ?
Marc.
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